Dijon (Côte-d'Or) envoyé spécial
Le recrutement d'un ex-président du Parlement, des e-mails par milliers et des manifestations à Strasbourg et à Bruxelles : trois ans de lobbying sur la très polémique directive sur les brevets logiciels, c'est trois ans d'une lutte d'influence «d'une amplitude assez exceptionnelle», selon Xavier Dutrénit, assistant parlementaire du député socialiste Gilles Savary. Et une vraie confrontation de styles : plutôt institutionnel et traditionnel pour les grandes entreprises probrevets, et plus foutraque et individuel pour les opposants, regroupement hétéroclite de militants associatifs, de PME et de programmeurs isolés.
Ici, à Dijon, aux Rencontres mondiales du logiciel libre, sorte d'université d'été des geeks, ces fondus d'informatique, les dizaines de personnes présentes craignent l'instrumentalisation des brevets logiciels par les grandes entreprises. Bob sur la tête en train de pianoter sur son portable, Alexis, enseignant à Rome, a ainsi manifesté devant la présidence italienne. Frédéric, queue de cheval, T-shirt et sandales, a fait «plusieurs fois le voyage à Bruxelles pour des manifs à 300 ou 500 personnes». A l'image du lobbying des antibrevets, ils ont tous les deux utilisé massivement l'Internet : des dizaines de sites décortiquant le texte, des envois massifs d'e-mails aux parlementaires européens...
Derrière l'apparent foutoir, la coalition des opposants a su aussi motiver des relais plus classiques. Un ex-fonctionnaire de la Commission,