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Libération

La France extra-pôle

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publié le 13 juillet 2005 à 2h57

Tout le monde a gagné, les communiqués triomphaux fleurissent, les ministres sautent dans les avions pour aller poser sur la photo avec les élus et industriels locaux. Avec la labellisation hier de 67 pôles de compétitivité partout sur le territoire, le gouvernement a transformé une expérience de politique industrielle tristoune en barnum antisinistrose économique. Exit l'épure originelle du projet, défini en septembre 2004 : accorder le soutien de l'Etat à «10 à 20» zones d'excellentes technologiques où entreprises, centres de formation et université bossent ensemble, sur le modèle de la Silicon Valley californienne ; 105 dossiers reçus plus tard, et malgré les réticences du ministre de l'Economie, Thierry Breton, c'est l'option école des fans qui a prévalu, défendue notamment par Nicolas Sarkozy. Du pôle «cheval» de Basse-Normandie à celui focalisé sur les «produits pour enfants» des Pays de la Loire, en passant par les céramiques du Limousin, pas un recoin du territoire qui n'ait désormais son pôle de compét', dûment identifié par un logo officiel avec une flèche inscrite dans un rond vert, «symbole de positivité, d'avenir», selon le dossier de presse.

Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a nié hier tout «saupoudrage» des moyens. «Quand vous avez des projets de qualité, au nom de quoi faudrait-il les refuser ?» a-t-il interrogé hier à Matignon, un peu écrabouillé derrière une table trop petite entre Sarkozy (Intérieur), Borloo (Emploi), Robien (Education nationale)