Bagrationovsk, envoyée spéciale.
Des cigarettes dans les portières, sous les sièges, derrière les haut-parleurs, dans le moteur, sous la roue de secours... Au poste-frontière de Bagrationovsk, un des trois points de passage entre l'enclave russe de Kaliningrad et la Pologne, les petits trafiquants polonais ne prennent même pas la peine de se cacher. Dans la file d'attente pour passer la frontière, ils truffent leurs voitures de cigarettes et de vodka, reversée dans des bouteilles en plastique, sous les yeux indifférents des gardes-frontière russes.
Alexandre, un officier russe à la retraite, est agacé par cette impudence avec laquelle ses voisins de file polonais organisent leurs petits trafics. «Ils ne se gênent vraiment pas. Nous les Russes, si nous transportons ne serait-ce qu'une cigarette de trop, les Polonais nous retirent notre visa.» Lui a posé sa cargaison bien en évidence sur le siège avant de sa voiture : une cartouche de cigarettes et un litre de vodka, la quantité maximum autorisée par personne au passage de la frontière. «Mais les Polonais, il leur suffit de donner un petit billet aux douaniers et ils passent ce qu'ils veulent.»
Douaniers arrogants. Un peu plus d'un an après l'entrée de la Pologne et de la Lituanie dans l'Union européenne, en mai 2004, la région russe de Kaliningrad, maintenant totalement enclavée au sein de l'UE, reste terre de trafics : cigarettes, alcools et essence y sont nettement moins chers qu'en Pologne ou Lituanie. Ainsi, des deux côtés d