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Libération
Interview

«Le monopole De Beers en éclats»

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publié le 20 juillet 2005 à 3h01

Ancien professeur d'université et géographe, Roger Brunet a écrit un ouvrage de référence sur la géopolitique du diamant (1). Il explique les mutations de cette économie mondialisée.

La plainte des diamantaires anversois contre De Beers marque-t-elle une remise en cause de son statut de monopole historique ?

Incontestablement. On assiste là à un avatar paradoxal de la mondialisation. De Beers, société sud-africaine née en 1880, a construit son monopole en maîtrisant la production et la vente de diamants dans le monde entier, via le contrôle d'un axe Londres-Afrique du Sud qui passait par Anvers, spécialisé dans la taille du diamant brut. Il y a encore cinquante ans, De Beers assurait pratiquement 90 % de l'approvisionnement des diamants bruts dans le monde, contre un peu moins de 60 % aujourd'hui. C'est donc la mondialisation qui fait voler en éclats ce monopole.

Pourquoi ?

Plusieurs facteurs se cumulent. D'abord, de nombreux de sites de production, en Russie, au Canada et en Australie, exploités par de puissants groupes font une vraie concurrence à l'Afrique, base de De Beers. Ensuite, on assiste à un éclatement du système culturel organisé autour d'Anvers et de Londres sur lequel reposait le monopole de De Beers. Le Canada, Israël, l'Inde et récemment Dubaï et la Chine sont devenus des centres de taille concurrençant Anvers. Enfin, le développement du diamant synthétique ouvre ce marché à de nouveaux acteurs. Cette industrie passe d'une structure de monopole à un vrai marché m