Pékin, de notre correspondant.
La réforme monétaire annoncée hier à Pékin a, dans un premier temps, un objectif bien plus politique qu'économique. Elle vise à déminer le terrain à Washington avant la première visite que doit effectuer le président chinois Hu Jintao aux Etats-Unis depuis sa nomination il y a deux ans. A en juger par les premières réactions à Washington, elle a atteint cet objectif limité.
La semaine dernière, deux sénateurs américains, un républicain et un démocrate, avaient accepté de renoncer à déposer un projet de résolution qui, s'il avait été adopté, aurait contraint l'administration à imposer des droits d'importation de 27,5 % sur les produits chinois tant que Pékin ne réévaluait pas sa devise, le yuan. Charles Schumer et Lindsay Graham n'avaient renoncé à leur démarche qu'après avoir été informés par le gouvernement américain de l'imminence d'une réévaluation. Pékin avait nié avoir prévenu Washington d'une telle mesure, mais on constate aujourd'hui que ce démenti n'avait pour seul objectif, d'ailleurs atteint, que de conserver l'effet de surprise pour éviter la spéculation.
Protectionnisme. Cet épisode est significatif du contexte de pressions internationales dans lequel vient de s'opérer le réaménagement monétaire chinois. La montée en puissance rapide de l'économie ces dernières années a suscité dans le monde des poussées de fièvre protectionnistes, en particulier aux Etats-Unis qui enregistrent avec la Chine un déficit commercial aux proportions abyssa