Hermes (Oise), envoyée spéciale.
Dehors, les camions-citernes de jus de fruit réfrigéré. Dedans, ambiance de laboratoire, tubes et cuves d'inox rutilants du sol au plafond, hommes et femmes en blouse blanche. Les machines font «toudoum tchiiii», et ça sent le jus d'orange. C'est ici que Tropicana, propriété du groupe Pepsico, pasteurise et conditionne des jus de fruit pour le marché européen. Sur tapis roulant, les bouteilles carrées défilent par deux avec leur petit bouchon orange. Entre 1 et 2 millions par semaine selon le marché.
A Hermes, en Picardie, charmant village de pierre jaune et d'ardoise, les 125 salariés de l'usine presque insoupçonnable si ce n'était un ballet de camions déplient les cartons, surveillent les machines, appuient sur des boutons, conduisent des chariots élévateurs en chambre froide. Indifférents à l'agitation du monde politique français, qui, depuis trois jours, n'a eu cesse de manifester son hostilité à la perspective d'une offre publique d'achat (OPA) de Pepsico sur Danone. Mais, finalement, comment vit-on dans une des trois usines françaises de Pepsico ?
Interrogés au hasard, au volant de leur voiture, à la sortie du parking, tous s'arrêtent. Un seul requiert l'anonymat. Première impression : tranquille. «On n'a pas à se plaindre.» «C'est pas le bagne.» «Mieux qu'avant.» «Mieux qu'ailleurs.» Pas de tension perceptible, et la parole ne semble pas verrouillée, comme dans d'autres usines. Sébastien, un ancien il a démissionné il y a neuf mois