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Libération

La France dévêtue de son Crazy Horse

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Le cabaret parisien a été racheté par des investisseurs belges. Dans l'indifférence générale.
publié le 26 juillet 2005 à 3h05

On pouvait y voir «l'art du nu chic». Ou l'art ringard de la mise à nu. N'empêche. Le Crazy Horse n'a plus de bleu-blanc-rouge que la localisation : Paris. Le capital, lui, a passé la frontière. Direction, la Belgique. La France a mal à sa culture de nuit, sa (ré)créativité du string, sa réinvention permanente du strip-tease upper class. Voilà que les Belges font main basse sur son joyau le plus cristallin : le Crazy Horse, fondé en 1951. «Didier, Pascal et Sophie Bernardin, les enfants du créateur, ont cédé la totalité du capital à deux investisseurs belges, Philippe Lhomme et Yannick Kalantarian, personnalités belges du monde du spectacle et des médias», nous a appris l'AFP hier.

Jambe haute. En ces temps de nationalisme économique exacerbé, voilà qui fait désordre. Pendant que la France se met la rate au court bouillon pour des pots de yaourt ; que les plus hautes autorités de la nation s'émeuvent d'une hypothétique OPA d'un Yankee ; que la classe politique à l'unisson entonne les airs de la «souveraineté alimentaire», deux symboles du «raffinement» à la française viennent, coup sur coup, de se faire croquer. Passe encore que Taittinger largue veau, vache, champagne et Crillon. Mais le Crazy Horse ! Exfiltré en catimini, en loucedé. Peu de cris d'orfraie devant ce pan de la «souveraineté culturelle» qui tombe la jambe haute. Peu d'appels au secours pour défendre, lit-on sur le site même (1) de notre patrimoine, ce «véritable classique de la modernité, au même titre que God