Les héritiers s'énervent, le traître s'agite en coulisse, les bonnes âmes sont en embuscade. Tous les ingrédients sont réunis pour que la bagarre qui se profile autour des bulles de champagne Taittinger soit bien sanglante et relativement imprévisible. Pourtant, début juillet, quand la famille Taittinger a fini par vendre son groupe (hôtel Martinez, verrerie Baccarat et viticulture de luxe) à l'américain Starwood, personne n'a tiqué sur l'avenir de la riche maison de champagne tricolore qui franchissait l'Atlantique en douceur. Las, quelques jours plus tard, voilà que Starwood décide de revendre ces précieuses bouteilles pour couvrir une partie des 2,5 milliards d'euros qu'il a investis dans l'affaire.
Marges à deux chiffres. Aussitôt connue la nouvelle de la re-mise en vente du prestigieux champagne, les amateurs ont senti leurs papilles les picoter agréablement : Taittinger, c'est près de 300 hectares de vignes, plus de 4 millions de bouteilles vendues l'an dernier, dont un gros morceau à l'export, six années de stocks en cave, et des marges à deux chiffres tenues secrètes. Il n'en faut pas plus au milliardaire belge Albert Frère, expert ès coups financiers assis sur 1 milliard d'euros de cash, pour sortir du bois. «Je pose officiellement notre candidature d'acquéreur potentiel», explique-t-il vendredi dans le Figaro en employant le «nous» de majesté pour évoquer son propre groupe, la redoutable Compagnie nationale à portefeuilles (CNP). Qui attellerait bien la marque de ch