Un petit Français tente d'enrayer une grosse manoeuvre à Wall Street. Gérard Sillam réclame pas moins de 1 milliard de dollars (820 millions d'euros) à Refco, premier courtier mondial non bancaire, que son actionnaire principal, Thomas Lee (un fonds d'investissement qui détient des parts dans Warner Music ou Playtex), est en train d'introduire en Bourse. Le Gaulois supporte mal que le Yankee n'ait même pas daigné mentionner son litige dans le prospectus boursier. Toute procédure judiciaire en cours doit pourtant être portée à la connaissance des futurs actionnaires, quitte à leur affirmer qu'ils ne risquent rien. Le silence de Refco tend à signifier indirectement à Sillam, 44 ans, que sa procédure ne vaut pas un clou.
Ce dernier est apporteur d'affaires, rémunéré comme tel. En 1997, il met en relation Refco avec un petit génie des mathématiques financières, Imad Lahoud, qui gérait un portefeuille confié par quelques institutionnels de la place de Paris. Lahoud passait alors ses ordres via l'américain Cargill. Grâce à l'intervention de Sillam, c'est Refco qui récupère le courtage et prend ainsi pied sur le marché français. Ce genre d'apport de clientèle peut rapporter gros. Pourtant, Refco ne lui versera pas un centime, par une subtile argumentation juridique : sous pression des autorités boursières, la société de portefeuille de Lahoud avait dû changer de statut, puis fusionner avec Refco. Bref, son entité d'origine celle apportée par Gérard Sillam a disparu, et Refco ne