La banane flambe entre la France et l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Hier, le gouvernement a fait savoir qu'il était de «la plus haute importance» de défendre les intérêts de ses producteurs de bananes des Antilles, menacés par un débarquement en force des bananes latino-américaines : la veille, l'OMC avait fait savoir, elle, qu'elle ne voulait pas que l'Union européenne mette en place un droit de douane de 230 euros par tonne de fruits importés du Brésil, de Colombie ou de sept autres pays des Amériques.
Ce tarif douanier prohibitif doit, dans l'esprit des Européens, remplacer tant bien que mal le système des contingentements des importations que l'OMC a décidé de supprimer totalement le 1er janvier. Du coup, la France cherche une voie de sortie : elle a réclamé hier à l'OMC de «parvenir à un système d'aide compensatoire adaptée à la situation» des Antilles.
Du côté de l'Union des groupements de producteurs de bananes, le lobby des bananiers antillais, c'est un peu la panique. Persuadée que la victoire remportée à Genève lundi par ses concurrents d'Amérique latine va leur permettre de bouter la banane de Guadeloupe et de Martinique de nos cuisines, l'union pointe du doigt «les puissantes multinationales (l'américain Del Monte par exemple, ndlr) qui ne seront satisfaites que lorsqu'elles auront détruit la production européenne de bananes». Ces imprécations ont peu de chances d'émouvoir l'OMC et les producteurs latinos. Ravis de trouver de nouveaux débouchés en Europe