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Libération

Au Brésil, on ne prête pas qu'aux riches

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Les magasins Casas Bahia ouvrent le crédit aux plus démunis pour les fidéliser.
par Chantal Rayes, São Paulo de notre correspondante
publié le 15 août 2005 à 3h18
(mis à jour le 15 août 2005 à 3h18)

Traversé par les favelas, Jardim Angela est l'un des quartiers les plus pauvres et les plus violents de São Paulo. C'est pourtant ici que Casas Bahia a ouvert l'un de ses 438 magasins (meubles, électroménager, produits électroniques, téléphonie). «Et il n'y a jamais eu de hold-up», s'étonne une responsable de la chaîne. Claudia et Fabio examinent un réfrigérateur. Elle est domestique. Lui, ouvrier du bâtiment. A eux deux, ils gagnent 800 reais (271 euros) par mois. Ils font partie des 140 millions de Brésiliens (76 % de la population) que les statistiques rangent dans les «petits revenus», à savoir les pauvres et une partie de la classe moyenne au pouvoir d'achat étriqué. «Si la grande distribution a toujours traité les classes populaires comme indésirables, malgré leur poids démographique, Casas Bahia en a fait son marché cible, note Juracy Parente, expert de la fondation Getulio-Vargas, un centre d'études indépendant. Et son succès montre que cette population, qui a dépensé 500 milliards de reais en 2003 (170 milliards d'euros, ndlr), est un marché très rentable.»

Fondée en 1957 par Samuel Klein, un émigré juif de Pologne, rescapé des camps de concentration nazis, la chaîne, qui revendique «16 millions de clients fidèles», est devenue le numéro 1 de la grande distribution non alimentaire au Brésil. Son chiffre d'affaires a atteint 9 milliards de reais (3 milliards d'euros) en 2004 ­ et doit progresser de 30 % cette année ­, le triple de celui du numéro 2 du marché, Ponto Fr