C'est l'histoire d'un cordonnier qui envoie ses deux fils à l'étranger pour développer son commerce. L'aîné revient catastrophé : «Papa, c'est pas la peine d'espérer. Ils ne portent pas de chaussure.» Le benjamin, lui, est enthousiaste : «Papa, c'est formidable, on va pouvoir leur vendre des tonnes de chaussures !» Ce conte illustrerait, selon Christine Lagarde, le paysage de l'export français. Pour la nouvelle ministre déléguée au Commerce extérieur, les entreprises françaises sont si peu nombreuses à oser l'expatriation (moins de 5 %) que les chiffres ne pourront aller qu'en s'améliorant...
Pire. C'est en faisant preuve d'un tel optimisme que l'ex-présidente du cabinet d'avocats Baker and McKenzie et nouvelle venue en politique a essayé, hier, de relativiser les statistiques du commerce extérieur. Une gageure sachant qu'elle avait à annoncer le déficit commercial le plus important jamais réalisé par la France : 11,2 milliards d'euros sur le premier semestre. Il faut remonter quinze ans en arrière pour trouver des chiffres équivalents. En 1990, la France avait connu un déficit de 12,1 milliards d'euros, mais sur l'année entière. Et, pour 2005, reconnaît Christine Lagarde, «cela sera pire». «Tout dépendra de l'évolution du prix du baril. Et personne n'est capable de dire s'il atteindra 70 voire 100 dollars...»
La dégradation du solde des échanges est en effet principalement causée par le renchérissement du coût du brut. Selon les chiffres des Douanes, la facture énergétique fr