Berlin de notre correspondante

C'est «un coup magistral», s'exclamait-on hier dans la capitale allemande. «Une mise en scène wagnérienne», soulignait même le quotidien économique Handelsblatt. Angela Merkel, la candidate de l'opposition chrétienne-démocrate (CDU) qui rêve d'être la première chancelière allemande le 18 septembre prochain, a créé la surprise en recrutant dans son équipe de campagne électorale Paul Kirchhof, l'expert fiscal le plus renommé d'Allemagne. Cette nomination offre à Angela Merkel le moyen de se repositionner dans le débat économique et politique aussi bien envers ses électeurs qu'envers les mauvaises têtes de son parti. Du style Edmund Stoiber, le président de la CSU (branche bavaroise), qui a lancé depuis quinze jours une campagne de haine contre les «Ossis» (Allemands de l'est) «frustrés». Au risque de déstabiliser Angela Merkel, elle-même originaire d'Allemagne de l'Est.

Spéculer. Agé de 62 ans, Paul Kirchhof n'est pas un politique de profession. Professeur de droit fiscal à l'université de Heildelberg, ancien juge à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, ce catholique, invité régulier des talk-shows en raison de ses talents pédagogiques, se bat depuis des années pour une réforme radicale du système fiscal. Et c'est surtout sur ce point que le «coup» de Merkel apparaît éclatant. Car l'éminent juriste est censé faire oublier pendant la campagne l'absence de Friedrich Merz, l'expert fiscal de la CDU, qui a quitté le parti à l'automne dernier après s'