Hier matin sur la place de la Bastille, à Paris, la récolte des journalistes a été bonne. Un champ de caméras et de bloc-notes pour reluquer le melon et disserter sur la tomate. Le Parti communiste et le Modef (Confédération nationale des syndicats d'exploitants familiaux) organisaient une «vente solidaire» pour dénoncer les marges pratiquées par la grande distribution : deux semi-remorques venus du Lot-et-Garonne ou des Bouches-du-Rhône ont charrié 50 tonnes de pêches, tomates, brugnons, prunes, melons, salades et pommes de terre, à Paris et en banlieue (Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne), pour les vendre à «prix vérité».
A la Bastille, les 20 tonnes de fruits et légumes ont été emportées en trois heures. Valérie est dépitée. «J'ai raté les pêches et les brugnons. Je me retrouve avec 2 salades à 1 euro.» Il n'est pourtant pas dit que l'aspect pédago de l'opération a séduit tout le monde : certains disent leur soutien aux agriculteurs, mais la plupart, venus remplir leur panier pour pas cher, partent en râlant. «Cinq euros les trois melons ! Allez voir au Franprix, c'est moins cher qu'ici», ordonne Martine, plus affirmative qu'un bataillon d'enquêteurs d'UFC-Que choisir. «A tous les coups, c'est de l'argent pour le Parti communiste...»
Centrales d'achat. Vérifications faites, au Franprix, ce n'est pas moins cher (1,99 euro le melon). «Et autant comparer une Peugeot 106 et une 606 : la qualité n'est pas la même», tranche Raymond Girardi, président du Modef Lot-e