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Libération
Interview

«Les pauvres possèdent un capital mort»

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publié le 19 août 2005 à 3h21

Le développement des pays pauvres passe par la reconnaissance des biens de propriété, levier indispensable pour rendre visible l'économie informelle : c'est la thèse décapante du Péruvien Hernando De Soto, économiste du développement, dans son dernier ouvrage (1), qui veut croire que la propriété, ce n'est pas le vol, mais l'envol. L'économiste, qui a conseillé plusieurs gouvernements notamment en Amérique latine, était invité en France par l'institut Turgot, think-tank très libéral.

Les pauvres posséderaient beaucoup de biens...

L'immense majorité des gens qui vivent en dehors du système légal dans les pays en développement travaillent et créent de la richesse. Ces biens extralégaux représentent 10 000 milliards de dollars en actifs (8 200 milliards d'euros). Par exemple, 47 % de Mexicains travaillent à plein temps de façon illégale. Et ils possèdent 9 millions de bâtiments, 134 millions d'hectares, 6 millions d'entreprises. Valeur totale : 350 milliards de dollars, soit 7 fois les réserves pétrolières de ce pays. Les gens dits «pauvres» sont en train de créer une économie de marché extralégale. Mais qui les maintient dans la pauvreté.

C'est ce que vous appelez le «capital mort» ?

Oui, une richesse non liquide. Ils ne peuvent la transmettre, s'en servir pour augmenter leur richesse et produire du capital. En France, un bâtiment est bien plus qu'un bâtiment. C'est une garantie pour obtenir un crédit, une adresse pour prouver votre identité, engager votre crédibilité, obtenir un