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Libération

La chaussure de luxe, pied à terre

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Après la liquidation judiciaire de Stéphane Kélian, annonce du dépôt de bilan de Charles Jourdan.
publié le 23 août 2005 à 3h23

C'est une histoire de quarante ans qui s'est achevée lors d'une audience de vingt minutes. Hier, le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère (Drôme) a prononcé la liquidation judiciaire de Stéphane Kélian Production, la filiale de fabrication du chausseur de luxe. «On n'a même pas eu le temps de parler, raconte Eric Patel, délégué FO. La messe était dite.» A la sortie de l'audience, les salariés de l'entreprise, qui s'étaient massés devant le tribunal, ont poursuivi leur directeur général, Daniel Bagault au cri de «Patron voyou, patron voleur.» Les conditions de la dégringolade de l'usine sont, pour un certain nombre d'observateurs, assez obscures (Libération d'hier). Le tribunal n'a pas donné l'opportunité à un repreneur de se présenter, en liquidant rapidement l'entreprise. «C'est une folie, poursuit Eric Patel. Un manque de respect total pour les salariés.»

Hier matin, tous avaient fait le déplacement jusqu'au tribunal, alors même que toute la procédure s'est déroulée pendant la période de fermeture annuelle de l'usine. Les salariés étaient soutenus par Gérard Kélian, l'un des fondateurs de l'entreprise. En 2002, le groupe du millionnaire Alain Duménil avait racheté Stéphane Kélian à la barre du tribunal de commerce, après un premier dépôt de bilan. «Je leur avais proposé de les aider, à titre bénévole pour relancer la marque, dit Gérard Kélian. Ils m'ont viré.» Aujourd'hui, à 62 ans, Gérard Kélian est amer : «Cette entreprise pouvait être sauvée il y a deux ans. Il y a un