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Libération

L'Orfèvrerie Barenthal licencie sous couvert de silence

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publié le 24 août 2005 à 3h23

Strasbourg de notre correspondant

Avec la délocalisation en Chine de l'Orfèvrerie Barenthal, on connaît désormais le prix du silence d'un salarié licencié : 11 000 euros. Alors qu'elle vient d'écoper d'une amende douanière pour avoir importé de Chine des couteaux estampillés «made in France», cette fabrique de couverts haut de gamme, implantée depuis cinquante ans à Baerenthal, à l'est de la Moselle, s'apprête à faire signer aux 23 ouvriers qu'elle licencie (sur 39) un «protocole d'accord transactionnel» aux termes duquel elle promet de leur verser 11 000 euros d'indemnités extra-légales en échange de leur mutisme. Ce document, dont le quotidien l'Humanité a publié un fac-similé dans son édition du 22 août, stipule que les salariés doivent renoncer «à toute action judiciaire dirigée [...] contre la société» et s'engager «expressément à ne pas participer ou s'associer [...] à une quelconque action, procédure ou mouvement contraire aux intérêts de la société ou à ses dirigeants (tel que blocage, occupation, entrave à la circulation, article de presse...)» Ce protocole transactionnel exige également «la plus stricte confidentialité» sur l'existence de l'accord. C'est raté.

«Tellement odieux». «Il n'y a rien de fracassant. C'est ce qui se fait dans toutes les négociations de France et de Navarre», justifie le directeur de l'entreprise, Gilles David. Mais les dispositions de cet accord ont provoqué l'émoi à Baerenthal, où un arbre mort a été planté dimanche soir devant la mairie po