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Libération

Le modèle suédois miné par l'ouvrier letton

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Polémique contre un site qui propose maçons ou agents de nettoyage à prix bas.
publié le 26 août 2005 à 3h25

Stockholm de notre correspondant

A peine rejetés à la mer, les Lettons reprennent d'assaut les côtes suédoises. La compagnie lettone Eiropas Eksperti a lancé, il y a quelques mois, le site www.hyrlett.nu («loue letton», jeu de mots avec «loue facilement»), qui propose des agents de nettoyage à 75 couronnes (8 euros) de l'heure ou des maçons à 125 couronnes (13 euros), provoquant la colère des syndicats suédois. «Cela ressemble à de l'esclavage, s'insurge Ylva Thörn, secrétaire générale de Kommunal, le syndicat des employés territoriaux. Les Lettons sont exploités et vendus à bas prix dans d'autres pays.»

Blocus. «Nous profitons simplement de l'avantage concurrentiel qui est le nôtre, à savoir les salaires», réplique Maris Sergejenko, représentant en Suède de l'entreprise enregistrée en Lettonie, pays qui a les salaires les plus bas de l'Union européenne (303 euros par mois en 2004, contre 2 492 euros en Suède). Cette affaire ressemble fort au match retour de la polémique de Vaxholm : les syndicats suédois avaient mené à l'automne dernier le blocus de cette école proche de Stockholm, construite par une entreprise lettone qui refusait de signer les accords collectifs suédois, fondement du modèle social du pays. Les Lettons, qui avaient dû abandonner vers Noël, voient là une entrave à la libre circulation au sein de l'Union. En avril, le tribunal du travail de Stockholm a renvoyé l'affaire devant la Cour européenne de justice.

Les promoteurs d'Hyrlett savent très bien où ils mette