Madrid de notre correspondant
Séisme dans le marché énergétique espagnol. Sur fond de querelles politiques, le groupe Gas Natural a lancé une OPA sur le premier groupe électricien du pays, Endesa (deux fois plus gros que lui), au prix de 21,3 euros par action, ce qui valorise Endesa à 22,5 milliards. Réunis hier en conseil d'administration, les dirigeants de l'électricien ont, comme on s'y attendait, qualifié l'offre d'«hostile». Si l'opération était menée à son terme au printemps 2006 dans le meilleur des cas , cela donnerait naissance à un géant. Avec 30 millions de clients et une capitalisation boursière de 31 milliards d'euros, la nouvelle entité occuperait la quatrième place en Europe (1) derrière les allemands E.On et RWE, et l'italien Enel et la première en Amérique latine. Il s'agirait aussi de la plus grosse acquisition jamais réalisée en Espagne.
Blocages. Même si cette OPA a créé la surprise, les signes annonciateurs d'un tel chambardement ne manquaient pas dans un marché national totalement privatisé. Depuis la fin des années 90, on ne recense pas moins de six tentatives d'OPA d'envergure dans ce secteur, chaque fois bloquées par l'organe de régulation du marché énergétique espagnol. La dernière en date, en 2003, fut l'offre frustrée de Gas Natural sur Iberdrola, deuxième électricien du pays. Ces blocages à répétition portaient la marque des conservateurs du Parti Populaire (PP) et de son grand manitou économique, l'ex-ministre des Finances Rodrigo Rato, auj