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Libération
Interview

«Les agents d'entretien doivent rester silencieux et invisibles»

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publié le 7 septembre 2005 à 3h35

Isabelle Puech, sociologue, a mené une enquête dans le secteur du nettoyage. Elle termine une thèse sur les disparités entre les femmes sur le marché du travail au CSU-CNRS (1).

La démarche de Faty Mayant ­ aller jusqu'aux prud'hommes ­ est rare dans ce secteur...

Les agents d'entretien doivent rester silencieux et invisibles. En France, tout est fait pour qu'on ne voie pas ces femmes et ces hommes, contrairement à la Belgique, par exemple, où l'on travaille tranquillement à côté de la femme de ménage qui nettoie les bureaux en plein jour (2). De plus, les femmes de ménage sont particulièrement vulnérables. Les trois quarts des agents d'entretien sont des femmes. Un quart des salariés se déclarent étrangers ou d'origine étrangère, 62 % n'ont aucun diplôme (3). La méconnaissance de la langue, donc l'incapacité à comprendre le contrat de travail, représente parfois un critère d'embauche. C'est l'une des professions les plus dévalorisées, justement à cause de cette féminisation, et parce que ce travail s'inscrit dans le prolongement de l'activité domestique des femmes, activité gratuite et, là encore, invisible. Difficile, alors, de se mettre en lumière et de revendiquer. Les syndicats ont du mal à avoir prise sur ces femmes qui n'ont souvent pas de culture salariale, qui peuvent avoir plusieurs employeurs, travailler sur des lieux de travail multiples, pour des contrats extrêmement précaires : à temps partiel, sous-payés et pourtant très majoritairement en CDI.

L'instabilité de l