Wattrelos, envoyée spéciale.
Anne-Claire Lescouffe a un vilain défaut : elle ne croit pas tout ce qu'on lui dit. C'est peut-être ce qui a valu à cette déléguée CGT, préparatrice des tournées des chauffeurs-livreurs d'une filiale transports de La Redoute, la Sogep, à Wattrelos (Nord), d'être convoquée vendredi au siège de la société en région parisienne à un entretien préalable à «sanctions pouvant aller jusqu'au licenciement». On lui reproche d'avoir outrepassé ses prérogatives en poussant la porte d'une boîte d'intérim pour vérifier les salaires des intérimaires de son entreprise. Et surtout de s'être fait passer pour un représentant de sa direction. Ce qu'elle conteste.
«Peanuts». Ce qui est sûr, c'est qu'en découvrant que les intérimaires de sa boîte étaient payés depuis des années sous le niveau de la grille salariale, la dame a levé un lièvre. D'abord, les intéressés ont dû être augmentés d'1,10 euro de l'heure d'un coup, ensuite la mesure est rétroactive sur cinq ans. Résultat : la Sogep passe à la caisse. Combien ? «Minime. Peanuts pour nous. Vous devriez vous intéresser à des sujets plus importants», conseille au téléphone une porte-parole du groupe Pinault Printemps Redoute (PPR). Le problème ne concernerait que 15 intérimaires, sur une période de 2001 à 2005. La CGT en a, elle, recensé 60, rien que dans le Nord qui ne compte que 3 sites des 26 en France.
Tout commence cet hiver. Anne-Claire Lescouffe discute avec une intérimaire du service des préparatrices de tournée