La statistique est une science à maniement délicat. Il n'y a qu'à voir les premiers chiffres sur le contrat nouvelles embauches (CNE). Ce contrat réservé aux entreprises de moins de 20 salariés permet, pendant deux ans, de se séparer du nouvel embauché sans avoir à présenter de justification. Une aubaine, sur le papier, pour les employeurs. L'arme ultime antichômage pour le gouvernement. Au point que dès début septembre, le Premier ministre s'était empressé d'annoncer la signature de 30 000 CNE. Une annonce immédiatement douchée par son propre ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, expliquant en substance, qu'il fallait se garder de tout enthousiasme délirant. Dans cette bagarre des chiffres, nouvel épisode avec les résultats provisoires fournis par l'Acoss, l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, la banque de la Sécu. Entre le 4 août et le 1er septembre, les entreprises ont fait part de leur intention de signer près de 31 000 CNE. Hourra sur les bancs du gouvernement.
Mais attention, expliquent les statisticiens qui sortent de l'ombre devant l'enjeu concentré sur le CNE : ces chiffres sont basés sur la déclaration unique d'embauche (DUE). Le formulaire qu'envoie l'employeur à l'Urssaf et qui ouvre les droits à la Sécu ou à la retraite des salariés. Mais de la déclaration à l'embauche, il y a un pas. «Parfois le salarié ne se présente pas, ou bien l'employeur change d'avis», explique-t-on à l'Acoss. Et cette différence entre intention et embauche réelle est to