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Libération

«A bord, il faut tout faire»

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publié le 19 septembre 2005 à 3h44

«J'étais commandant de bord chez AOM, devenu Air Lib, qui a été liquidé en début 2003. Je volais sur DC10. On s'est retrouvé des centaines de pilotes au chômage en même temps [Air Lib comptait 375 pilotes, ndlr]. Sans parler de toutes les autres compagnies qui se sont cassé la gueule au même moment, comme Air Littoral ou Aeris. Je me suis inscrit à l'ANPE, et sur tous les sites d'agences de recrutement internationaux. Je savais que quelques DC10 volaient encore aux Etats-Unis. Si on m'avait proposé un salaire correct, je serais parti à l'étranger.

Après un an de chômage, j'ai décidé de faire une qualification sur A320. J'ai payé 40 000 euros avec mes indemnités de licenciement. Je n'avais aucune garantie de trouver du boulot. J'ai dû attendre trois mois, puis j'ai eu trois propositions dans la même semaine : Air Luxor, Qatar Airways et une compagnie française. J'ai choisi la France pour des raisons de couverture sociale, même si le salaire était deux fois moindre que celui que me proposait Qatar Airways. Aujourd'hui, un grand nombre de petites compagnies charters éclosent dans le bassin méditerranéen, en Grèce, en Turquie, au Maghreb ou au Portugal. Elles proposent des salaires divisés par deux par rapport à ce que furent les standards français, pour des missions saisonnières le plus souvent. Un de mes amis est aujourd'hui commandant de bord en Pologne pour moins de deux mille euros par mois. Il passe vingt-cinq jours là-bas. Il m'a dit : «Je ne peux pas rester RMiste.»

C'est