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Libération

«Quatre mois de vol sans être payé»

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publié le 19 septembre 2005 à 3h44

«Pendant treize ans, j'ai été commandant de bord sur Air Littoral, je totalisais 10 000 heures de vol. Durant cette période, j'ai vécu une vie de rêve. Basé en province, je gagnais bien ma vie. Mais, en 2001, j'ai perdu mon boulot. Je volais sur des appareils ATR 42 et ATR 72 et je n'ai plus rien trouvé. J'ai dû alors me payer une qualification sur A320 avec une boîte de la région parisienne. Peu d'entreprises font ce genre de formation A320. Le centre de formation d'Airbus Industries assure celle des pilotes des compagnies qui lui achètent des avions. Air France s'occupe surtout de ses pilotes. Il faut donc aller voir le privé. J'ai payé 38 000 euros ­ auxquels s'ajoutent le logement, la nourriture, les transports ­ pour aller me former en Belgique, à la Sabena Flight Academy.

Ça a duré cinq semaines. Mais il ne faut pas se croire sorti de l'auberge. Il te faut encore des heures de vol sur ton nouveau type d'avion pour trouver un poste. J'ai passé quatre mois à faire mes heures dans une compagnie charter européenne sans être payé un euro. Au final, ils m'ont gardé pour des vols occasionnels, et avec des conditions n'ayant plus rien à voir avec ce que j'avais vécu. On m'a fait un simulacre de contrat dans un paradis fiscal. Je ne travaillais qu'au noir pour garder mes Assedic. J'y suis resté cinq mois puis j'ai trouvé autre chose via le patron de la boîte qui m'avait formé : commandant de bord instructeur sur A320 pour une compagnie française.

Au bout d'un an, un copain qui te