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Libération

Des avocats aux fichiers très indiscrets

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L'intranet du cabinet Clifford Chance contient des annotations illégales sur les clients.
publié le 20 septembre 2005 à 3h45

Il y a un nom. Puis une fonction, souvent un poste de responsabilité, chez EADS ou Airbus. Et au bout de la ligne : «Divorcé récemment.» Ou : «Est devenu un ennemi de l'entreprise.» Le souci, c'est que ces notes, déplacées ou violant carrément la vie privée de ces cadres de l'aéronautique, se baladent sur l'intranet de Clifford Chance, un cabinet d'avocats présent dans 19 pays. Les 220 avocats de Paris peuvent y avoir accès en quelques clics.

Affligeant. Libération s'est procuré les fiches concernant EADS et Airbus, deux gros clients de Clifford Chance. Les commentaires, rédigés en anglais, sur ces cadres supérieurs ou dirigeants sont cocasses ou affligeants. Devant le nom d'un cadre d'Airbus, on lit : «Sa propriété a été détruite par l'explosion d'AZT (sic).» Devant une autre : «Très puissante pendant cinq ans. Marginalisée depuis.» Tel cadre «sait ce qu'il veut», la femme de tel autre, «Erica (1), est avocate dans l'entreprise Y». Celui-ci est taxé de «great guy», ou encore de type «very straight» (2), «très stressé quand il est sous pression». Un chanceux d'Airbus est qualifié de «rising star» (star montante). Beaucoup plus grave : devant le nom d'un cadre, on peut lire : «Longue maladie.»

«Marginaux». C'est le type de commentaires qui fusent naturellement à la machine à café ou entre deux portes. Mais qu'il est malvenu, et condamnable pénalement, d'inscrire dans un fichier informatique, non confidentiel de surcroît... Selon la loi informatique et libertés, les données à ca