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Libération

La discrimination par habitude

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publié le 26 septembre 2005 à 3h49

Eiffage Construction, troisième groupe français du secteur, voulait comprendre ses difficultés de recrutement : pourquoi le bâtiment avait tant de mal à attirer les jeunes ? Après avoir confié une étude d'un an et demi au Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), l'entreprise s'est retrouvée face à un panorama de ses discriminations «indirectes», celles qui ne viennent pas du racisme d'un petit chef mais de la force de l'habitude et de la progressive ethnicisation des tâches. «Annoncer des mesures de diversité n'est pas très difficile, note Isabelle Van de Walle, directrice adjointe du Credoc. Mais se livrer à un vrai diagnostic est plus rare. Il est difficile de convaincre les entreprises que les discriminations sont souvent liées à leur propre fonctionnement.»

Dans le rapport, on y lit la discrimination «de bonne foi» d'un chef de chantier qui explique avoir voulu «rééquilibrer» les recrutements en embauchant des Français : «Le métier de maçon n'a pas de raison d'être réservé aux immigrés. Il faut l'ouvrir. Je voulais élever l'image du bâtiment.» La résignation amusée d'un jeune maçon portugais : «Ma nationalité, c'est un passeport pour le bâtiment. Si j'avais mieux parlé français, j'aurais plutôt tenté la restauration mais, en France, vous montrez la carte "portugais", vous avez du boulot dans le bâtiment.»

Certains métiers se sont lentement fermés à la mixité : la construction pour les Portugais, le nettoyage pour les Maliens. Enviro