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Libération

Russie: le mariage fumeux du gaz et du pétrole

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Doute et suspicion au lendemain du rachat de Sibneft par le géant Gazprom, contrôlé par l'Etat.
publié le 30 septembre 2005 à 3h53

Moscou de notre correspondante

Où va donc mener le grand Monopoly russe du pétrole ? Au lendemain du «deal de l'Histoire», le rachat pour 13 milliards de dollars du groupe pétrolier Sibneft par Gazprom, annoncé mercredi, journaux et analystes russes étaient nombreux à exprimer leur incompréhension du grand jeu que mène le Kremlin avec les actifs pétroliers du pays. «On ne comprend pas pourquoi une compagnie de gaz comme Gazprom doit prendre des actifs pétroliers, soupire Ioulia Kotchetygova, analyste au cabinet Standard & Poor's. Ni pourquoi une compagnie contrôlée par l'Etat s'empare d'une compagnie privée qui, jusqu'à présent, se distinguait plutôt par sa rentabilité élevée, sa gestion moderne et sa transparence.» A l'issue de ce deal, et après avoir déjà récupéré le principal actif de Ioukos en décembre 2004, l'Etat russe pourra se vanter d'avoir repris le contrôle d'un tiers de la production pétrolière russe, privatisée à l'emporte-pièce dans les années 90.

Forte dette. Mais Gazprom est un monstre qui contrôle déjà plus de 90 % de l'extraction du gaz russe et se distingue par une gestion très «politique», qui lui fait perdre chaque année des millions, si ce n'est des milliards, en subventions aux bonnes oeuvres du Kremlin. Déjà lourdement endetté, Gazprom compte se payer Sibneft grâce à un nouveau crédit record de 12 milliards de dollars, accordé par un consortium de banques occidentales. «Le résultat sera que l'efficacité de Sibneft va diminuer», écrivait hier le quotidie