«Dans le groupe, il existe des précédents s'agissant de commissions avec la mairie de Bordeaux.» C'est ce genre d'allusions que Michel Josserand, l'ancien PDG de Thales Engineering and Consulting (Thec), a distillées aux juges de Nice en mai, selon des documents qu'a pu consulter Libération. De quoi éveiller la curiosité. Mais peu de détails. En septembre 2003, Alain Juppé aurait «demandé à rencontrer les responsables de la maîtrise d'oeuvre du tramway de Bordeaux». Et cette seule demande serait, aux yeux de Josserand, forcément suspecte. Le parquet de Bordeaux est désormais saisi des doutes que laisse planer Josserand sur la construction du tramway de la ville. Parmi les accusations les plus graves de l'ancien cadre, celle de la violation de l'embargo sur les ventes d'armes à l'Irak ne repose, pour l'heure, que sur des témoignages indirects. Un directeur «de Thec s'est rendu à plusieurs reprises en Irak dans le cadre des échanges pétrole contre nourriture, s'est souvenu Josserand. Plusieurs personnes [chez Thales] m'ont parlé de cette opération qu'ils ont appelée Baby Food, dont la finalité était la construction d'une usine de fabrication de lait en poudre pour enfants. D'après ce que j'ai compris, cette usine n'a jamais été réalisée». En interne, on aurait expliqué à Josserand que «les livraisons étaient d'une autre nature» et qu'il s'agissait, «en fait», de «livraisons d'armes à Saddam Hussein pendant l'embargo». Une accusation démentie par Thales, qui fait savoir que l'u