Comme dans une partie d'échecs, les agents économiques construisent leur stratégie en intégrant le comportement et les choix des autres joueurs. Plus facile à affirmer qu'à démontrer. Alors quand deux économistes passent leur vie à prouver cette similitude, cela vaut bien le Nobel d'économie. Cette année, la récompense de l'Académie royale suédoise des sciences a donc été attribuée à l'Américain Thomas Schelling et à l'Israélo-américain Robert Aumann. Les deux économistes ont ainsi aidé à la «compréhension des conflits et de la coopération au moyen de la théorie des jeux», a indiqué le jury Nobel.
«Tyrannie». L'Américain Thomas Schelling a fait l'essentiel de sa carrière à l'université de Harvard, d'où il a jeté les bases de ce qui deviendra la théorie des jeux. C'est lui qui montre ce qu'il appelle la «tyrannie des petites décisions». Au début des années 60, il sillonne plusieurs villes américaines, et avec l'aide d'une kyrielle d'étudiants, tente de montrer pourquoi certaines cités, dont les habitants ne sont pas forcément racistes ou communautaristes, finissent par structurer une ville en blocs, où Blancs et Noirs se font face. A l'époque, les enquêtes de Schelling sont formelles : «Les gens ne veulent pas être majoritaires dans un quartier, ils ne sont donc pas ségrégationnistes.» Pourtant, la réalité est tout autre. Et pour cause : les sondés veulent bien se mélanger mais pas s'ils savent qu'ils prennent le risque d'être sous la barre des 35 %. Résultat? «La seule volont