Romorantin-Lanthenay, (Loir-et-Cher) envoyé spécial.
Centre-ville de Romorantin, 18 h 30, un jour de semaine. Les rues sont désespérément vides. «Il y a trois ou quatre ans, vous auriez croisé des dizaines d'ouvriers en route pour l'apéro ou la gamelle, indique Jeannot, la cinquantaine. Depuis la fermeture de Matra, Romo (Romorantin, ndlr) est morte. Une mort lente, mais certaine. Tout ce gâchis, ça fait mal au ventre.» Ici, pendant quarante longues années, le groupe Lagardère a fait vivre et prospérer la ville de 19 000 habitants. Ses trois usines de construction automobile ont employé jusqu'à 2 200 personnes. Un gros millier supplémentaire vivant parallèlement de la sous-traitance. Puis, en février 2002, au cours d'une réunion du comité d'entreprise, la nouvelle tombe : Romo, c'est fini. La production de la Renault Avantime est stoppée net. Quant à l'Espace, dont la fabrication a été confiée depuis 1983 par Renault à Matra Romorantin, il sera produit ailleurs. «Je ne comprends toujours pas pourquoi Matra a quitté Romo, s'interroge Jeanny Lorgeoux, ancien directeur chez Lagardère et maire de la ville depuis vingt ans. Pourquoi les négociations entre Renault et Matra ont-elles échoué ? Lorsque j'ai compris que la fermeture était inéluctable, je suis intervenu auprès de Jean-Luc Lagardère pour que soit mis en place un plan social exemplaire.»
Aides croisées. Deux ans après la fermeture sonne l'heure du bilan. Les «Romo», comme ils se sont baptisés, ont connu des fortunes divers