A Romans-sur-Isère (Drôme), terre de la chaussure, l'entreprise Stéphane Kélian a été mise en liquidation judiciaire en août. Deux jours plus tard, Charles Jourdan était en redressement judiciaire. Face à cette crise, une plate-forme chargée du suivi des 600 salariés fragilisés a été mise en place. La validation des acquis de l'expérience (VAE) arrive en tête du traitement d'après-choc à administrer à cette population majoritairement féminine, âgée de 45 ans en moyenne et très peu diplômée.
«Rattrapage». Les dizaines d'années passées à piquer de la chaussure dans la Drôme, du tissu en Lorraine, ou à servir des assiettes dans les troquets de bords de mer n'auront pas servi à rien. Rentrés sans diplôme dans leur boîte, les salariés licenciés en seront sortis, mais pas sans qualification. La VAE substitue l'expérience professionnelle aux années d'école. Elle attaque la toute-puissance du diplôme à la française en promettant un «rattrapage» par l'expérience à ceux qui auraient décroché du système scolaire, du CAP jusqu'aux diplômes du supérieur.
Entre 2002 et 2003, le nombre de titres VAE délivrés a doublé. Mais alors qu'elle devait permettre au salarié de faire valoir ses années de travail «en fonction mais sans le titre», la VAE a davantage servi aux chômeurs ou aux employés licenciés. Sur l'ensemble des VAE effectuées à l'Afpa (1), 60 % ont été réalisées par des demandeurs d'emploi. On a encore peu de recul sur les effets de la VAE, apparue en 2002, mais il est plus convaincant