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Libération

L'expérience fait école

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Créée en 2002, la validation des acquis de l'expérience (VAE) connaît un succès croissant. Elle permet aux salariés non diplômés de convertir des années de travail en qualification.
publié le 17 octobre 2005 à 4h06

A Romans-sur-Isère (Drôme), terre de la chaussure, l'entreprise Stéphane Kélian a été mise en liquidation judiciaire en août. Deux jours plus tard, Charles Jourdan était en redressement judiciaire. Face à cette crise, une plate-forme chargée du suivi des 600 salariés fragilisés a été mise en place. La validation des acquis de l'expérience (VAE) arrive en tête du traitement d'après-choc à administrer à cette population majoritairement féminine, âgée de 45 ans en moyenne et très peu diplômée.

«Rattrapage». Les dizaines d'années passées à piquer de la chaussure dans la Drôme, du tissu en Lorraine, ou à servir des assiettes dans les troquets de bords de mer n'auront pas servi à rien. Rentrés sans diplôme dans leur boîte, les salariés licenciés en seront sortis, mais pas sans qualification. La VAE substitue l'expérience professionnelle aux années d'école. Elle attaque la toute-puissance du diplôme à la française en promettant un «rattrapage» par l'expérience à ceux qui auraient décroché du système scolaire, du CAP jusqu'aux diplômes du supérieur.

Entre 2002 et 2003, le nombre de titres VAE délivrés a doublé. Mais alors qu'elle devait permettre au salarié de faire valoir ses années de travail «en fonction mais sans le titre», la VAE a davantage servi aux chômeurs ou aux employés licenciés. Sur l'ensemble des VAE effectuées à l'Afpa (1), 60 % ont été réalisées par des demandeurs d'emploi. On a encore peu de recul sur les effets de la VAE, apparue en 2002, mais il est plus convaincant