Le gouvernement a-t-il décidé d'abandonner discrètement au privé les manettes de l'Institut national des appellations d'origine ? L'Inao, établissement public, accorde et gère en France les 700 appellations d'origine contrôlée (AOC) et les indications géographiques protégées (IGP). Or, la CFDT de l'Inao redoute un désengagement progressif de l'Etat alors que cet organisme fête ses 70 ans : les pouvoirs publics auraient «l'intention de se décharger de leurs missions sur de futurs organismes privés, ce qui remettrait en cause les garanties de l'origine et de la qualité promises aux consommateurs et aux producteurs», selon un communiqué du syndicat. Bref, la réforme ferait courir, selon la CFDT, le risque de voir décerner une AOC à un reblochon made in Bulgarie ou une IGP à des cocos de Paimpol produits en Australie.
Maquis. «Il ne s'agit pas de ça, mais au contraire de donner désormais à l'Inao la responsabilité des labels rouge et bio, qui ne dépendaient pas de lui», rétorque le ministère de l'Agriculture, pressé de remettre de l'ordre dans le maquis des labels alimentaires en créant un institut unique, à l'occasion du débat parlementaire sur la loi d'orientation agricole (LOA). Le problème, c'est que le personnel de l'Inao tient à ses bonnes vieilles méthodes de certification comme à la prunelle de ses yeux, et ne veut pas hériter des procédures de type privées qui ont toujours eu cours avec les poulets «label rouge» ou le pain «agriculture biologique». Explication : quand un