La société de consommation, c'est l'enfer, mais c'est drôlement bien quand même. Tel est le principal enseignement d'un sondage réalisé par l'institut Louis-Harris (LH2) pour Libération (1) sur ce thème qui rend les Français un brin schizo. Cela commence par une volée de bois vert à l'égard de ladite société de consommation : 56 % des sondés avouent «une perception négative» de cette forme d'organisation, née du boom économique des années 60. «Cette dénonciation fédère l'ensemble des tranches d'âge et des sensibilités politiques», souligne François Miquet-Marty, directeur des études politiques chez LH2. Par exemple, 55 % des sympathisants de droite, pourtant supposés être les plus susceptibles de disposer d'un fort pouvoir d'achat, partagent cette perception négative.
«S'endetter». Cette critique majoritaire de la consommation de tous les jours se nourrit, selon LH2, de trois reproches adressés aux entreprises. D'abord, 86 % des sondés estiment que «les grandes marques abusent de leur position dominante pour vendre leurs produits à des prix élevés», tandis que 84 % jugent qu'il y a «trop de publicités mensongères» : «C'est un syndrome de manipulation typique», selon François Miquet-Marty. Pire, les Français auraient à 89 % le sentiment de «surconsommer», opinion partagée, indépendamment de leur niveau de vie, par 90 % des cadres et 88 % des ouvriers. Plus nouvelle est la mise en cause par les consommateurs des banques qui «incitent trop les ménages à s'endetter pour consommer