Bruxelles (UE), de notre correspondant.
Peter Mandelson, surnommé «le prince des ténèbres» dans son pays, a tout pour déplaire à la France : Britannique, donc forcément libre-échangiste et proaméricain, n'est-il pas celui qui a inventé, avec Tony Blair, le New Labour, cette «troisième voie» entre le socialisme et le libéralisme ? De là à le soupçonner de brader les intérêts européens sur l'autel de la globalisation, il n'y a qu'un pas que Chirac a déjà franchi. Mais l'affrontement ne fait pas peur à cet élégant dandy, né en 1953, qui n'hésite pas à jouer avec la caricature de l'Anglais cassant, arrogant et un tantinet méprisant. L'oeil ironique, maniant l'anglais, la seule langue qu'il maîtrise, avec une précision souvent glaciale, il a la réputation d'être impitoyable avec ses collaborateurs et d'être obsédé par le miroir que lui tendent les médias. Depuis sa nomination au poste de commissaire européen chargé du Commerce international, il est surveillé de près par la France. Car Mandelson est un adepte des coups tordus et s'est constitué un solide portefeuille d'ennemis intimes, et non des moindres. Ainsi Gordon Brown, le chancelier de l'Echiquier, ne lui a jamais pardonné de l'avoir délaissé au profit de l'étoile montante du parti travailliste, Tony Blair, au milieu des années 90.
Ce proeuropéen convaincu ne titille pas Paris pour le simple plaisir. «Je ne suis pas un libéral simpliste», a-t-il expliqué au Parlement européen en 2004, lors de son audition de confirmation. «Je