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Libération

ANPE contre privé: bilan de concurrence

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Depuis février, cabinets privés et agences d'intérim se lancent sur le marché du placement de chômeurs. Reportage chez Ingeus, à Lille, après huit mois d'expérimentation.
publié le 31 octobre 2005 à 4h19

A Lille

Dans le quartier d'affaires à proximité de la gare Lille-Europe, à l'intérieur d'un immeuble de verre avec badge d'accès impératif, Ingeus a bichonné son accueil. Plantes vertes, lumière naturelle, machine à café gratuit et grand plateau où, devant chaque écran d'ordinateur, un conseiller en reclassement sélectionne des offres d'emploi pour son «client», un chômeur de plus de trois mois. «C'est plus beau que l'ANPE», s'ébaudit un demandeur d'emploi. Et c'est privé : l'Unedic a choisi Ingeus, un cabinet australien, pour mener deux expérimentations d'«accompagnement personnalisé et renforcé» à Lille et à Rouen, depuis février 2005. La recette est simple : un conseiller reçoit chaque semaine pendant un maximum de dix mois la personne qu'il suit, jusqu'à ce qu'elle ait retrouvé un emploi. Après la signature du contrat de travail, l'accompagnement se prolonge sept mois. 6 000 chômeurs sont concernés, 3 000 dans le Nord, 3 000 en Seine-Maritime.

«Durabilité». «Nous sommes un petit grain de sable sur la grande plage, minaude Annick Chautard, la responsable des opérations sur le site lillois. A elle seule, une des dix ANPE du bassin de Lille reçoit 12 000 demandeurs d'emploi en un an...» On ne parlera donc pas de mise en concurrence de l'ANPE, mais de «complémentarité» (lire page ci-contre). «La différence ? Là, c'est l'Unedic qui paye !», s'exclame, irrité, un responsable de l'ANPE Nord-Pas-de-Calais. «Le privé s'intéresse de plus en plus au placement, ironise Joseph Romand,