Menu
Libération
Interview

«A Marseille, tout est fait pour attiser les tensions»

Article réservé aux abonnés
publié le 5 novembre 2005 à 4h27

Stéphane Sirot est historien, il est l'auteur de La grève en France, une histoire sociale, paru en 2002 chez Odile Jacob. Il revient sur le conflit de la Régie des transports de Marseille.

Pour vous, le conflit de la RTM est exemplaire de la manière dont est considérée aujourd'hui la grève...

La décision du tribunal de grande instance de Marseille, qui déclare la grève illégale, est révélatrice de la manière dont les sphères politique et judiciaire envisagent le droit de grève, c'est-à-dire de façon de plus en plus restrictive. On sent monter une remise en cause globale, qui existait à droite depuis toujours. Mais depuis deux ans, cette contestation s'est accentuée.

Le service minimum est révélateur de ce mouvement...

A la RATP, le système d'alarme sociale s'est révélé très performant. Précisément parce qu'il permet de réunir tous les partenaires sociaux et ne sert pas à réduire le droit de grève. Aujourd'hui, le gouvernement ne parle de service minimum que dans le but de diminuer le pouvoir de nuisance de la grève. L'alarme sociale ne l'empêche pas, au contraire, elle oblige à négocier avec la direction de l'entreprise en cas de problème. Et en cas de désaccord, le recours au droit de grève reste entier.

La gestion du conflit semble incohérente...

On sent une volonté de briser le mouvement. En France, depuis soixante ans, la grève est le moyen de déclencher les négociations, contrairement à ce qui se fait en Allemagne, où on négocie et on fait grève en cas d'échec. En France, les