Plutôt conciliantes avec la France lorsqu'elle arbore des postures tiers-mondistes, les ONG de solidarité vivent comme une imposture le côté «droit dans ses bottes» de Paris sur l'agriculture. «Schizophrénie absolue, dénonce ainsi Bernard Pinaud, directeur du Centre de recherche et d'information pour le développement (Crid). Côté pile, la France dénonce les ravages de la libéralisation dans les pays les plus pauvres, promet la suppression des subventions à l'exportation qui déstabilisent les productions vivrières dans le Sud. Côté face, elle bloque toute avancée réelle sur l'agriculture.» Mettre en avant l'exception culturelle et le modèle social? «Non, camper sur la PAC est intenable, note Alexander Polack, d'Action Aid. Paris ne défend pas un modèle paysan, mais un modèle agro-industriel. Et ne protège pas ses petits exploitants.»
Les réseaux d'aide aux pays pauvres militent pourtant tous pour le droit de protéger son agriculture. Henri Rouillé d'Orfeuil, de la Coordination Sud, est l'un des rares à comprendre la position française, même s'il reconnaît que «la diplomatie française paie le prix d'un discours jugé corporatiste». Mais, dit-il, «tout grain de sable qui freine la mise en compétition mondiale de 3 milliards de paysans est utile». Paris peut bien, à l'image de Christine Largarde, assurer que l'Europe fait déjà beaucoup (lire ci-contre)... «Peut-être, mais les frais de douane restent énormes sur les produits clés: 210 % sur le lait, 190 % sur la viande, 100 % sur l