A six semaines du sommet de Hongkong censé boucler le «cycle du développement de Doha», les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) restent bloquées. La France est pointée du doigt, beaucoup estimant qu'elle porte une responsabilité dans l'absence d'avancées sur l'agriculture. Explications de Christine Lagarde, ministre déléguée au Commerce extérieur.
La France refuse l'offre de Peter Mandelson, commissaire européen au commerce, de baisser de 46 % les barrières douanières qui s'élèvent en moyenne à 12 %... La menace d'un veto est-elle réelle ou est-ce du bluff ?
La vérité c'est qu'on est en cours d'évaluation de la proposition. Il faut analyser ligne par ligne les 2 200 produits. Faire l'inventaire aussi des produits sensibles (viande bovine, fruits et légumes, produits laitiers), qui risquent d'être affectés. La France a une vision stratégique de l'agriculture : ce n'est pas un secteur marchand comme les autres. La menace du veto est réelle si on est au-delà de ce qui est acceptable. Mais j'espère que nous n'aurons pas à utiliser cette arme-là. Des pays bloquent toute discussion sur d'autres piliers de négociations, comme les produits industriels ou les services. Stratégie qui n'est ni la plus intéressante, ni la plus intelligente...
La France se veut le chantre de l'aide aux pays pauvres mais bloque toute avancée sur l'agriculture, qui permettrait un réel développement du Sud. Comment gérez-vous cette contradiction ?
Contradiction plus apparente que réelle. Au