Dans cette banlieue parisienne, beaucoup d'emplois dépendent de l'aéroport Charles-de-Gaulle ou de l'hôpital de Gonesse : des horaires décalés, tard le soir, tôt le matin. Et des bus de nuit et de week-end supprimés pour des questions de sécurité. Tabitha, aide-soignante, fait régulièrement une partie de son trajet à pied pour se rendre de Sarcelles, où elle vit, à l'hôpital de Gonesse. Une heure et demie de route à 5 heures du matin. Isabelle, garde-malade à domicile, prend le bus de Sarcelles à Pierrefitte, puis un premier train de Pierrefitte à Saint-Denis, et un second jusqu'à Saint-Prix. Avant de marcher jusqu'au domicile de son employeur. «Avec, à chaque fois, un ticket différent, ce qui revient cher, commente son amie Anne-Marie. La carte Orange [abonnement mensuel ou hebdomadaire de la RATP], ce n'est pas pour les gens qui ont un travail d'appoint. C'est pour les CDI, qui peuvent l'amortir.»
Alors les femmes de Sarcelles, dans le Val-d'Oise, se sont organisées. Elles ont rencontré des transporteurs, des maires. Elles ont analysé le réseau de bus de l'agglomération. «On leur avait ramené des tas de plans et d'horaires. Elles n'en ont pas eu besoin, rapportent Sandra Rigoni, de l'association Du côté des femmes, et Christine Bulot, directrice du Pôle de ressources de la ville du Val-d'Oise qui ont encadré le groupe. Elles ne savaient pas forcément lire un plan, mais elles connaissaient toutes les lignes par coeur : la correspondance qu'il faut attendre une demi-heure, l'