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Interview

Mobilité «Les inégalités sont démultipliées»

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Eric Le Breton, sociologue, étudie les difficultés spécifiques aux personnes en insertion:
publié le 7 novembre 2005 à 4h27

Eric Le Breton, maître de conférence en sociologie à l’université Rennes II, vient de publier Bouger pour s’en sortir (1). Il anime le programme «Mobilité et insertion» de l’Institut pour la ville en mouvement (IVM), financé par PSA Peugeot Citroën.

Pourquoi dites-vous que «la mobilité n’est pas qu’une question de transport» ?

Longtemps, l'enjeu de la mobilité n'a été traité que sur le mode des équipements, de réseaux routier ou ferré, public ou individuel. C'est très loin de suffire. Dans le périurbain ou le rural, les transports couvrent de moins en moins les besoins à mesure que les agglomérations s'étalent, que les horaires et les contrats de travail s'éclatent. Dans les années 60, le discours, c'était : «La voiture, c'est la panacée !» Aujourd'hui, le politiquement correct veut qu'on se déplace tous en transport collectif. Mais une large part de la population en est exclue... Il faut donc pouvoir innover. Le transport à la demande, la voiture partagée, le covoiturage... existent depuis une vingtaine d'années mais ne sont pas développés. Les groupes de génie urbain n'ont pas envie de s'y coller : l'innovation coûte cher. Et les élus n'ont pas toujours les capacités pour le faire. Le rapport du député Jean-Michel Bertrand, rendu en janvier, avançait d'excellentes pistes afin de faciliter l'obtention du permis de conduire pour les jeunes : toiletter le code, dont les questions sont parfois incompréhensibles pour ceux qui ont des difficultés de lecture, développer les