Bruxelles, correspondance.
Où va l'argent de la politique agricole commune (PAC) ? Un réseau d'ONG et de chercheurs s'emploie à rassembler le maximum d'informations afin de pousser les gouvernements de l'Union européenne (UE) à se plier à cet exercice de transparence sous l'oeil bienveillant de la Commission européenne. Sept pays, dont la Grande-Bretagne, la Suède, la Finlande, le Danemark et la Belgique, ont déjà publié des listes nominales. La pression monte maintenant sur la France, d'autant qu'elle est la première bénéficiaire de la PAC, recevant à elle seule un quart de ce fonds européen, soit 9,4 milliards d'euros en 2004.
«Transparence». S'inspirant du travail entrepris aux Etats-Unis par l'ONG Environmental Working Group (EWG), qui a mis sur la place publique l'identité des fermiers subventionnés et les montants reçus, le Groupe d'économie mondiale (GEM), un centre de recherche de Sciences-Po, vient de finaliser, avec l'aide de la Confédération paysanne, la liste des 58 exploitations ayant reçu les montants d'aides directes les plus importants. Au total, plus de 22,6 millions d'euros en 2004. Les deux plus grands bénéficiaires se sont ainsi partagé 1,7 million d'euros. Le premier est un riziculteur camarguais possédant 1 733 hectares et le deuxième un propriétaire de 1 500 hectares de maïs en Aquitaine. Mais aucun nom ne figure, la loi informatique et libertés l'interdisant. De son côté, l'ONG Oxfam assure que 70 % des petits agriculteurs ont reçu 17 % des subventions