Comment vont les finances de Rhodia ? Mal à première vue. Le groupe chimique qui a frôlé le dépôt de bilan en 2003 et est englué dans les affaires (Libération du 2 novembre) reste dans le rouge. Hier, il a annoncé des pertes en forte augmentation (122 millions d'euros au troisième trimestre 2005 contre 45 millions à la même période l'an dernier). Mais la Bourse a bien réagi, le titre a gagné 1,26 %.
Jackpot. Les analystes parient sur un redressement à long terme de l'entreprise. Surtout, ils spéculent sur le jackpot que pourraient constituer pour Rhodia ses droits à polluer, acquis grâce au protocole de Kyoto. Ils pourraient rapporter 200 millions d'euros par an.
C'est grâce à deux sites industriels hautement polluant présents au Brésil et en Corée du Sud que Rhodia devrait profiter à plein de la «finance carbone». Kyoto contraint les entreprises des pays développés à réduire d'ici à 2012 leurs émissions de gaz à effet de serre. Et offre aussi la possibilité aux firmes ayant réduit leur pollution de vendre des crédits d'émission à celles n'ayant pas fait un tel investissement. Depuis le début de l'année, un marché des droits à polluer s'est donc constitué. Dans ce contexte, Rhodia a annoncé hier qu'il devrait à partir de 2007 obtenir, de la part de l'administration de l'ONU gérant Kyoto (l'UNFCC), entre 11 et 13 millions par an de crédits d'émission de CO2, dits crédits MDP (pour mécanismes de développement propres). Le groupe plaide son dossier devant le conseil de directio