La sainte concurrence doit s'effacer devant la vraie foi. Ainsi en a décidé le Conseil de la concurrence en donnant raison à la congrégation cistercienne de l'Immaculée Conception de l'île Saint-Honorat, au large de Cannes. Elle était poursuivie pour «abus de position dominante» par une société de transport à qui les moines refusent l'accès au ponton pour débarquer des touristes.
Les moines «n'ont pas méconnu le droit de la concurrence en réservant la desserte maritime de l'île à une entreprise qu'ils contrôlent», écrit le conseil dans sa décision, rendue publique hier. «La dimension spirituelle semble d'un intérêt supérieur à la liberté du commerce», persifle Gérard Germani, l'avocat de la société Trans Côte d'Azur, à l'origine de la saisine et victime d'un nouveau camouflet dans un long conflit.
Habitée par des religieux depuis le Ve siècle, Saint-Honorat est privée et appartient à la congrégation, à l'exception du domaine public maritime. En 1989, le préfet des Alpes-Maritimes accorde aux religieux une concession des dépendances de ce domaine public, à charge pour eux de l'entretenir. Notamment les cinq pontons servant à la desserte de l'île, alors assurée par plusieurs compagnies. La congrégation et sa trentaine de moines mettent le holà à un afflux de touristes qui menace l'équilibre écologique et la spiritualité du lieu : trois pontons à l'abandon et un quatrième détruit plus tard, ils barrent l'accès au dernier par un cadenas et une grille. Depuis 2000, seule la société