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Libération

Michelin débouté de son action contre le feu des grévistes

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En appel, la justice donne raison aux salariés de Poitiers.
publié le 14 novembre 2005 à 4h33

C'est une image comme on en voit dans toutes les luttes ouvrières : un feu, que des grévistes allument devant la porte de l'usine. Mais à Poitiers, il a fallu que la justice dise si c'est permis ou non. L'affaire concerne Michelin. Les salariés de l'usine ont mis le feu, le 12 octobre, à un imposant Bibendum, symbole de la marque, hors de l'usine, sur la voie publique, aux cris de «ils veulent nous virer, virons le Bib !». Le site Michelin de la ville, qui emploie 480 salariés pour la fabrication de pneus poids lourds, doit fermer en juin pour déménager à Tours. Ceux qui ne veulent pas suivre seront licenciés.

Peur. Une semaine après l'immolation du Bib, le tribunal de grande instance de Poitiers a interdit tout «acte de nature à générer un risque d'incendie, de pollution, de dégagement de fumée», sous astreinte de 200 euros par contravention constatée. «On n'a pas saisi le tribunal de gaieté de coeur. On a eu peur que ça dégénère, se justifie Françoise Rault, porte-parole de Michelin. Ce n'est pas une atteinte au droit de grève, juste la volonté de préserver la sécurité des biens et des personnes.» Un discours qui a irrité les syndicats. «Cela mérite de prendre les fusils», lâche, excédé, un militant CGT. «On voulait briser l'omerta qui existe chez Michelin. Montrer que le côté paternaliste de la direction ne correspond en rien à la réalité que l'on vit», ajoute Eric Rivault, délégué CGT.

Dernier baroud d'honneur, les syndicats ont saisi le juge des référés. «Nous avons voulu