Peut-on avoir comme concurrent un de ses principaux clients ? «Surtout pas», avait coutume de recommander les grandes lois du management, «il y aurait là un gros risque de confusion des genres». Mais le Russe Gazprom, premier producteur et exportateur de gaz de la planète, a un autre avis sur la question : il se verrait très bien vendre directement son gaz aux gros industriels français, en venant concurrencer Gaz de France, l'un de ses principaux clients. Cela fait longtemps que le gazier russe parle de venir titiller certains de ses gros clients européens dans leur propre jardin.
Ambitions. Comme l'a révélé hier la Tribune, l'affaire se précise puisque, le 14 novembre, Gazprom a obtenu des autorités françaises l'autorisation officielle de vendre son gaz sur le territoire. Pour l'instant, l'offre de Gazprom ne concerne que les industriels et les municipalités, habilités à pouvoir choisir leur fournisseur de gaz, grâce à la libéralisation du secteur.
«Notre objectif est de couvrir à terme 10 % du marché français», a même confié Stanislav Tsygankov, le directeur international de Gazprom à la Tribune. Hier, Gaz de France, qui achète 22 % de son gaz au géant russe, ne voyait pas officiellement de raison de s'inquiéter. «Il n'y a rien de très nouveau. On connaît les ambitions de notre partenaire depuis longtemps», dit un porte-parole. En plus de lui acheter du gaz depuis presque trente ans, GDF a un tas de projets et de coopérations en commun avec Gazprom. A priori, un ami donc. Sa