Le mot d'ordre de «privatisation rampante», qui sera au coeur de la grève, est-il seulement une ficelle grossière pour mobiliser les cheminots ? C'est l'avis de la direction de l'entreprise, qui assure avoir levé toute ambiguïté sur ce point. Début novembre, Louis Gallois, président de la compagnie, a appelé Dominique Perben pour le prier de dire haut et fort qu'il n'y avait «aucun projet de privatiser la SNCF». Le ministre des Transports ne cesse depuis d'assener le message, jusqu'à s'engager, hier dans une interview au Journal du dimanche, à une promesse écrite. Ce qui ne devrait guère suffire à rassurer. Car l'inquiétude des cheminots ne porte pas sur une subite ouverture du capital, scénario fantaisiste à l'heure actuelle. Ce que craignent la CGT, FO et SUD Rail, c'est que la réorganisation en cours de la SNCF prépare l'entreprise à un découpage en plusieurs activités, qui pourraient être filialisées ou privatisées. «On est accusés de poser les pointillés qui rendront possible la vente par appartement», résume ainsi Guillaume Pepy, numéro 2 de la SNCF, qui évoque une «question récurrente et identitaire de l'entreprise».
Cette organisation verticale dite «gestion par activités» a été lancée en 1992 avant de connaître un petit temps d'arrêt en 2001, après un conflit très dur qui avait poussé Gallois à consentir à une courte «pause de travail». La direction justifie la réorganisation par de nécessaires gains d'efficacité dans le fonctionnement de l'entreprise. Aujourd'hu