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Libération
Interview

«Imposer un lien avec les études»

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publié le 21 novembre 2005 à 4h39

Professeur d'économie à l'université Paris-II, Catherine Lubochinsky démonte les différents rouages de cette forme de précarité qui se développe actuellement.

Censés favoriser l'apprentissage de la vie en entreprise, les stages ne deviennent-ils pas, en fait, une formation accélérée à la précarité ?

Il ne faut pas confondre les différents types de stages qui sont offerts aux jeunes et qui, avec la remontée du chômage depuis quatre ans, se sont multipliés à tous les stades de leur formation. Il y a d'abord les emplois d'été qui ont été remplacés par les stages. Quand j'étais jeune, je travaillais pendant les vacances et j'étais rémunérée au Smic. De nos jours, essayez de décrocher un boulot de standardiste ou d'hôtesse d'accueil pendant les mois d'été : l'entreprise vous demande une convention de stage pour vous rémunérer à 300 euros par mois ! Il y a ensuite les stages en cours d'étude, dont on peut justifier la non-rémunération si le stagiaire est véritablement encadré et que la durée n'excède pas deux à trois mois. La troisième catégorie de stages concerne les étudiants ayant terminé leurs études : ce sont de faux emplois. Or il n'y a presque plus d'offres d'emplois pour les jeunes. On leur demande dix-huit mois à deux ans d'expérience qu'ils ne peuvent obtenir que «grâce» aux stages. L'argument de la flexibilité ne tient pas : il existe les CDD, les périodes d'essai, qui donnent largement aux sociétés le temps de «juger» leur nouvelle recrue. Il devient inadmissible que les