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Libération

L'impossible droit au silence

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Maryse refuse de nommer son handicap lors de ses entretiens. Rédhibitoire.
publié le 28 novembre 2005 à 4h40

Aujourd'hui, quand Maryse (1) se présente à un entretien d'embauche, elle prend soin de dégrafer le ruban rouge, symbole de la lutte contre le sida, qu'elle porte habituellement sur le revers de sa veste. Elle a rayé aussi de son CV les formations sur le VIH et l'hépatite C qu'elle a suivies, parce que «dans la tête des gens, un plus un, ça fait toujours deux». Du coup, il ne reste plus grand-chose sur son curriculum hormis ses années de bénévolat dans des associations diverses mais toujours orientées. «On ne peut plus être soi», ponctue-t-elle.

Séropositive depuis 1988, Maryse a 50 ans, et si son âge joue en sa défaveur, tout comme son manque de qualifications, quand elle postule à un emploi, son classement comme travailleur handicapé achève de la disqualifier. «ça se passe simplement, les employeurs acceptent de me recevoir. Quand ils voient la mention AAH [allocation d'adulte handicapé], déjà, ils commencent à me regarder différemment. Ensuite, ils me demandent les raisons de ce classement en adulte handicapée. Mon silence marque généralement la fin de l'entretien et mon échec final.»

Rien ne trahit la maladie sur le visage de Maryse, c'est pourquoi elle peut encore en conserver le secret. Il n'empêche, «c'est une bombe que j'ai à l'intérieur». Il y a un mois, elle a été convoquée par l'ANPE. On lui a proposé de se former aux métiers d'accompagnement des personnes âgées. Elle avait deux épreuves à passer. La première était un entretien avec des conseillers de l'agence, la s