Dans l'ascenseur du bureau, Lucas croise une femme qui bafouille un bonjour. Dans le couloir, un collègue plonge derrière un dossier quand il arrive à sa hauteur. A la pause déjeuner, son pote de cantine lui répond qu'il a trop de boulot pour s'arrêter. Lucas est séropositif et ça s'est su. Ce spot, diffusé actuellement à la télévision à l'occasion de la campagne «Sida grande cause nationale 2005», conclut : «Vous venez de découvrir les premiers symptômes de la séropositivité.» «Ne pas le dire est un facteur d'échec, mais le dire est un facteur de risques», résume Christian Saout, président d'Aides, l'association de lutte contre le sida .
Anticipation. Maintenir le secret ou assumer sa séropositivité en entreprise, la question se pose au malade dès l'annonce, par le médecin traitant, de son infection. D'autant qu'avec les traitements actuels, il est désormais possible de concilier vie de «malade» et vie professionnelle. «Et on parle d'un vrai travail, pas d'une occupation macramé», insiste Bertrand Audoin, directeur de l'association Sidaction. Les chiffres sur la discrimination à la suite de la maladie ne sont pas édifiants. Toutefois, nombreux sont ceux qui démissionnent de peur de devoir l'affronter. La ligne d'écoute Sida Info Service a réalisé, cet été, une enquête auprès de 349 de ses appelants séropositifs. 29 % d'entre eux ont choisi de taire leur état par peur d'être discriminés. Parmi ceux-ci, 65 % l'ont tu par anticipation, et 34 % ont déclaré avoir déjà subi un tel