Selon les experts de l'Organisation de coopération et de développement économique, la croissance s'accélère dans la plupart des pays développés. Entretien avec Jean-Philippe Cotis, économiste en chef de l'OCDE.
La croissance mondiale prend de l'ampleur, et pourtant vous vous interrogez sur sa robustesse. Pourquoi ?
Nous assistons à un redémarrage partout, surtout en dehors de l'Europe. L'économie des Etats-Unis résiste aux ouragans, ou encore à la hausse du prix du pétrole. Le Japon ? Il est pratiquement sorti d'affaire. Sa croissance frôlera les 2,5 % cette année, elle ne devrait pas descendre en dessous des 2 % en 2006 et 2007. Ces croissances résistent aux chocs externes.
Vous doutez de l'Europe ?
Cela fait plusieurs fois qu'on a cru percevoir des signes de reprise en Europe... Plusieurs fois qu'il ne s'agit que de reprise fragile. Là, de nouveau, la croissance repart : 0,6 % pour le seul troisième trimestre. C'est un rythme supérieur à la moyenne de long terme. Nous prévoyons 2,1 % en 2006 et 2,2 en 2007. Toutefois, nous sommes en début de reprise, et il est important qu'elle s'affirme. Dans ce cas, l'économie européenne sera «armée» pour résister aux chocs.
Craignez-vous que cette reprise soit contrariée par les intentions de la BCE, à savoir une hausse des taux ?
Ce que nous appelons l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire l'inflation hors énergie et produits alimentaires, est contenu à 1,5 %. Bref, les cours du pétrole augmentent sans qu'il y ait de contagion sur le niveau g